Avant-garde oubliée de l'Amérique

Les années vingt et trente constituent une période cruciale dans l'émancipation des noirs en Amérique. À New York, les écrivains de la "Renaissance de Harlem" ont été célébrés, du jazz et de la musique swing ont envahi les clubs de Broadway et ont été conquis d'ici. Les œuvres d'art produites par les Noirs au cours de ces années sont toutefois moins connues. Il sera désormais exposé au New York Studio Museum de Harlem jusqu'au 30 mars.

Alors que la ségrégation raciale stricte et le lynchage étaient encore à l’ordre du jour dans les États du Sud, certains peintres afro-américains se sont rendus à Paris. Dans l'épicentre de la modernité, ils ont fait connaissance avec l'avant-garde de Claude Monet, Henri Matisse et Pablo Picasso et ont ramené les nouveaux thèmes et techniques. Beaucoup d'artistes, enfants de la dernière génération d'esclaves, avaient pour la première fois gagné une place dans les prestigieuses écoles d'art des Blancs. Par conséquent, ils n'étaient pas immédiatement enclins à rompre avec toutes les traditions académiques. Leur travail est donc à peine caractérisé par le radicalisme stylistique. Mais les artistes ciblent des sujets sociaux et culturels avec un œil afro-américain particulier.
"L'exposition montre comment le modernisme dans les arts visuels a permis aux Afro-Américains d'adopter leur culture ancestrale", explique Lowery Stokes Sims, directeur du Studio Museum de Harlem et conservateur de l'exposition, qui ferme un vide dans l'histoire de l'art moderne.